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Le clown est triste... « Belle Ancolie »Son cœur est en bandoulière... il regarde dans
le miroir et l'image de son sourire a disparu. Que s'est-il passé pour qu'il en soit arrivé là. Il prend l'éponge sur la table et doucement commence à se démaquiller. Ses pensées
le ramènent au temps des beaux jours, de la rigolade et des amitiés connues.
Il se rappelle que lorsqu'il était jeune, observant les autres gens du cirque, il avait un seul rêve... celui de devenir
le plus grand
clown. De faire rire les petits comme les grands, leur faire oublier, ce ne fusse qu'un instant, toutes les peines, les misères vécues de chacun. Il a grandi dans ce milieu, un peu à part, mais combien enrichissant dans cette école de la vie. Parcouru tant de villes, vu tant de visages et travailler sans arrêt pour un soir de bonheur à offrir à des inconnus. Mais son bonheur était là, dans
le partage d'amour.
Il a grandi, a étudié et appris son futur métier. Puis à ses seize ans,
le grand jour arriva. Il se souvient avoir pris un temps fou à bien faire son maquillage, choisi un beau costume et juste deux minutes avant son entrée sur la piste, il s'était caché derrière
le grand rideau rouge pourpre, pour observer la foule. Son coeur battait à tout rompre mais il était heureux. Enfin!
Il a couru comme un fou de tout bord, tout côté jusqu'à en perdre pieds. Il a culbuté et entendu ses premiers applaudissements, et une fois retourner à sa loge il a pleuré, mais c'était des larmes de bonheur.
Le chemin qu'il avait parcouru pour en arriver là en avait valu la peine. Et sa destinée était dessinée devant lui. Il sera
le grand
clown de ses rêves.
Il se rappelle que parfois il lui est arrivé de se blesser, soit en faisant une mauvaise chute ou en tirant trop fort sur des cordages pour assembler
le chapiteau, mais il ne s'est jamais arrêter à ces petits bobos, pas
le temps se disait-il...
le spectacle continu. Les années ont passées et il a vieilli. Il s'est bien rendu compte que son corps lui montrait des signes de fatigue, mais à quoi bon y penser.
Un matin, il y a de ça deux mois, il a voulu se lever de son lit mais n'y est pas arrivé. Tout son corps
le faisait souffrir.
Le docteur est passé
le voir et lui a dit du repos et ça ira mieux d'ici quelques temps. Dans l'après-midi, il s'est traîner à son fauteuil, il a mis trois jours avant de se sentir mieux. Il est retourné sur la piste, ses amis ont essayé d'alourdir ses tâches mais il ne l'a pas compris. Il est devenu de plus en plus silencieux et à commencer à en vouloir à ceux qui l'aimaient vraiment. Plus il se fermait et plus il faisait
le vide autour de lui.
Des journées entières à ne plus sortir, se promener et parler avec les autres. Puis
le directeur du cirque l'a fait demander dans son bureau, avant hier. Il se doutait bien pourquoi mais ne l'acceptait pas. Il s'est présenter, il a affiché un sourire forcé et acquiescé à toutes les demandes faites. En sortant du bureau son seul désir était de mourir. Mieux vaut ne plus vivre que de ne plus retourner sur la piste. Ces pensées il les avait encore à son dernier tour, tout à l'heure. Mais là, assis devant son miroir, il se dit qu'il a un choix à faire.
Le reflet que lui donne
le miroir n'est plus celui de ses vingt ans, quand il avait toute la vie devant lui. C'est
le reflet d'un vieux
clown qui a donné sa vie pour les autres. Oh! Combien il en tirer du bonheur d'avoir eu
le privilège de vivre cette vie bien remplie. Il sait maintenant qu'il se doit d'accepter les choses comme elles sont et continuer à donner encore. Il peut donner son expérience à d'autres, qui ont des rêves, encore faire rire les enfants avec ses mimiques drôles et écouter, bien sur écouter il en a tout
le temps à présent.
Ce n'est pas cette maladie qui
le tuera mais seul son coeur fermé. Il est encore pas si mal avec son âge sage et même si les matins sont plus difficiles que d'autres, il a encore ses yeux d'enfants pour regarder
le ciel, voir l'oiseau faire des cabrioles et venir manger
le petit bout de pain qu'il vient de lancer.
Son choix est fait... il a rangé tout son maquillage dans sa trousse, a serré ses costumes, fermer sa valise pour la dernière fois. Un dernier regard autour de lui, dans cette pièce qu'il connaît trop bien, il a fermé les lumières de la maquilleuse et sécher ses larmes. Un soupir et il est sorti.
Son choix est fait... il a accepté de vivre.