Quand,
Quand un jour nous serons installés cote à cote
Nos deux corps cassés, serrés l’un contre l’autre
Pareil à ses oiseaux accrochés à leur branche
Qui redoutent l’hiver, les premières gelées blanches
J’aimerai que tu saches que ma vie fut un rêve
Que le bonheur naissant ne connut pas de trêves
Que l’amour fou toujours ignora la sagesse
Que les rides du temps firent partie des richesses
Quand nous serons assis, inséparables amants
Voyageurs immobiles en escale du temps
Quand ma main cherchera et rencontrant la tienne
S’accrochera avant que le brouillard ne vienne
J’aimerai que les murs ne puissent oublier
Les rires de nos corps, les soupirs du sommier
La chaleur de nos bouches, tous les mots murmurés
Le reflet de tes yeux, le goût de nos baisers
Quand nous ne pourrons plus, par peur de nous casser
Nous serrer fortement, nous mordre de baisers
Quand nos yeux se diront ce que les lèvres taisent
Quand ils diront les flammes, quand ils diront les braises
J’aimerai que tu saches que ma vie n’eut de sens
Que par tes pensées, tes mots ,tes silences
Que par tes yeux j’ai vu, par ta bouche j’ai ri
Que par ta présence , j’ai justifié ma vie
Quand un jour nous serons pareils à ces oiseaux
Inséparables et vieux, inséparables et beaux
Quand le temps sourira en brandissant sa faux
Qu’il comptera tes heures, qu’il comptera mes mots
J’aimerai que tu saches, mais tu savais déjà
Que le plus beau collier fut celui de tes bras
Et les larmes d’amour que l’on versait parfois
Furent sur cette parure comme des perles de joie
Quand un jour l’un de nous, rescapé du naufrage
Continuera trop seul l’inutile voyage
Quand après le meilleur il connaîtra le pire
Quand sa seule volonté sera de se souvenir
J’aimerai que tu saches que tout ne fut qu’amour
Que les instants vécus sont les roses d’un jour
Qu’ils fanèrent un soir mais que leurs reflets
Ont offert à mon cœur le plus beau des bouquets.
herdé