En admirant quelques légumes dans ma cuisine...
Mon poireau et moi...
Hier, en rentrant du marché
je me suis mis à bavarder
de la pluie et du mauvais temps
des ennuis et des pauvres gens
Mais rien, pas une seule réponse
d'un badaud, même pas l'once
j'étais seul, avec mon cabat
ma grande gueule, mon poireau et moi
Bien qu'un peu vert et végétal,
il me semblait assez normal,
équilibré, si sympathique,
bien qu'un tout p'tit peu buccolique
Persuadé d'y voir une âme
je lui fis part de tous mes drames
il m'écoutait sans jugement
ce poireau qui me parut grand
Grand, dans toute son aptitude
à entendre ma solitude
et à écouter impassible
mes histoires souvent impossibles
Enfin rentré à la maison
j'arrêtais la conversation
et contemplais avec effroi
ma femme qui le découpa
En compagnie de soeurs carottes
elle le noya dans la cocotte
ébouillenta mon bel ami
et le mixa, et le servit
Assis devant mon écuelle
je cherchais d'un oeil fraternel
un morceau de mon compagnon
afin d'obtenir le pardon
Mais rien n'y fit, et je pleurais
mon poireau, maint'nant liquidé,
je ne savais même pas son âge
et le voilà dans mon pôtage...
Frangin Le 13/02/2008