.Un regard, juste un regard.... Très joli texte d'auteur inconnu
Un regard...oui, j'aurai juste voulu un regard, un vrai regard, pas un regard évasif, passager, furtif, non, un vrai regard, un de ceux qui s'arrêtent, s'assoient, croisent les jambes, se détendent, se défroissent, oublient les soucis, le quotidien....
Un regard qui se pose, qui écoute vraiment, qui aime!
J'ai passé mon enfance à te regarder, à te scruter, à chercher, à quémander, supplier ce regard.
Rares ont été les instants où j'ai vraiment croisé le tien......
A l'adolescence, j'ai crié, j'ai hurlé, j'ai pleuré après ce regard, toujours absent malgré ta présence ! Adulte, j'ai encore espéré....espéré ce vrai regard, jusqu'au jour où j'ai abandonné, où il était trop tard pour moi, et même lorsque toi, dans les deux dernières années de ta vie, tu posais ton regard sur le mien, c'est moi qui fuyais.....pourquoi ? Je ne sais pas....
Un manque trop longtemps inscrit, une souffrance jamais apaisée ont du faire que là, c'était moi qui évitait ton regard. Comble de la vie. Nos regards se sont croisés pour la dernière fois un midi, mais ton regard était déjà ailleurs. J'aurai dû parler, parler, déverser, te dire tout ce que j'avais espéré, tout ce que j'avais aimé, tout le pardon que je t'offrais et.....je n'ai pas pu. Je n'ai pas pu. Le temps peut aider, consoler mais il peut aussi tant blesser qu'on ne parvient plus à cicatriser.
On n'a alors plus la force, l'audace des mots qui pourraient malgré tout le temps écoulé, apaiser,consoler, rassurer..... Et puis ta souffrance physique était telle que les mots avaient peur de te blesser, de te gêner dans les derniers moments de ta vie.
Les mots sont repartis sur la pointe des pieds de peur de déranger......
Et c'est près de ton lit de mort, que j'ai enfin pu te regarder, je suis restée des instants infinis à te regarder, à t'aspirer de mes yeux, à caresser tes mains, tes joues, à renouer le contact, celui qui m'avait tant manqué, depuis quand nous étions nous touchées....je ne sais, je ne sais......cela a-t-il existé un jour ...... Et là, près de ton corps glacé, je suis restée, je t'ai regardée, je t'ai touchée, j'ai cherché à graver en moi tous les souvenirs, les impressions, les émotions. Je ne pouvais me détacher de toi.Tu n'as jamais été aussi présente à mon âme que ces derniers jours.....
Et je t'ai parlé.....parlé......enfin, je t'ai reparlé........
J'ai renoué le dialogue au-delà de la mort, au-delà de la vie.....
Ces mots je les ai écrits, je les ai lus dans cette église, près de ton cercueil...... J'ai enfin pu te dire tout ce que j'avais aimé en toi, tout ce que j'avais décidé de garder à tout jamais en moi et tout ce que j'avais aussi décidé de pardonner. Le mal, je l'ai enfermé avec toi.....
Je ne garde que le bon......que le bon.....
Puisse un jour nos regards se recroiser et se mêler. Nous avons tant à nous dire, à nous raconter d'authentique, de vrai, de fort, de beau. Nous avons tant de plaies à panser.....
Je veux regarder les autres en face, de leur vivant, saisir une parcelle de leur âme ...
L'essence véritable d'un être se découvre à travers son regard.....