Au coin de la rue, il y a un vieil immeuble, gris et trapu. Les fenêtres du rez de chaussée sont à hauteur d’homme.
Les volets métalliques sont fermés ou légèrement entrebâillés comme des yeux sans lueurs, comme des orbites obscènes
et vides. Ils sont sans couleur, juste le relief des coulures de peinture, de la fiente des oiseaux, et la crasse qui suinte de haut en bas le long des chambranles, au coin des claires voies sur la tôle, la même géométrie toujours répétée.
Les jours de vent, un craquement, un claquement, celui des vantaux qui battent, orphelins dans le rectangle sombre de la fenêtre.
Une ombre dans le halo de lumière derrière le nylon gris des rideaux : je baisse la tête et je compte sur le trottoir les
mégots égarés et les crottes de chien.
C’est le regard des pauvres qui vous fauche au coin de la rue.